lundi 20 août 2012

Les conquistadors

Je lis Or et trésors de la conquête de C. Gallissian.

Ce livre a été publié lors du quatre cent cinquantième anniversaire de la grande découverte des conquistadors. Cinq siècles après la Conquête, des aventuriers accourent encore des quatre coins du monde jusqu'à Vilcabamba. C'est là que se réfugia Huascar, le frère d'Atahualpa, empereur des incas, pendant la période de la Conquête. Manco Capac II, le dernier INCA du Pérou, y fut assassiné, et la légende veut que le trésor de l'INCA se trouve toujours enfoui dans les environs.

Atahualpa, empereur des incas

Les conquistadors étaient impatients de mettre la main sur les trésors. Ils se livrèrent à de multiples pillages et exactions, semant la terreur sur leur passage. Pizarro, soldat brutal et illettré, décide de poursuivre sa marche à la rencontre de l'empereur; il a appris que celui-ci se dirige vers Cuzco, accompagné d'une armée de 30 000 hommes. Il demande à l'INCA une entrevue. L'empereur accepte de le recevoir dans une petite ville de montagne Cajamarca, isolée par deux ponts et située à 2 750 mètres d'altitude. Ce lieu est idéal pour un guet-apens. Pizarro se tient sur la place centrale avec une trentaine d'hommes mais il a camouflé le restant de ses troupes dans les maisons aux alentours. Atahualpa se présente avec une escorte de quelques centaines de guerriers, il a laissé son armée dans la campagne environnante. Pizarro lui adresse un ultimatum  et Atahualpa refuse de prêter serment au roi d'Espagne sur la Bible. À un signal donné, l'escorte de l'INCA est massacrée. Pizarro tient l'empereur à sa merci et promet de le libérer contre une rançon.

Atahualpa propose, pour le prix de sa vie, d'offrir autant d'or et d'argent que peut en contenir la pièce dans laquelle il est enfermé, "jusqu'à hauteur de la main levée" .  Des chasquis sont envoyés dans tout l'empire pour collecter la rançon. Pendant ce temps, certaines tribus, depuis longtemps révoltées contre la domination des incas, apprennent  la nouvelle de la capture de l'empereur et se soumettent à Pizzaro; celui va les utiliser pour parachever la conquête du Pérou dont il deviendra le gouverneur général. Les chasquis reviennent avec 6 tonnes d'or à 22 carats, et 12 tonnes d'argent. Une grande partie d'oeuvres d'art sublimes est fondue et transformée sur place en pièces d'or et d'argent; celles-ci serviront à payer les hommes de Pizarro et renfloueront les caisses du roi d'Espagne.

Le conquistador ne tient pas sa parole vis-à-vis de l'INCA, qui est torturé, jugé et condamné à la peine capitale. On le baptise à la sauvette pour qu'il ne soit pas brûlé comme un mécréant et afin que son corps soit enterré selon ses croyances; puis il est étranglé comme un criminel, le 29 août 1533.

Pizarro s'empare de Cuzco, puis fonde Lima dont il veut en faire le siège de son gouvernement. Il désigne un nouvel Inca, Manco, jeune frère d'Atahualca. Celui-ci accepte de collaborer pendant trois ans, puis se retourne contre les Espagnols. Il rassemble 50 000 hommes et fait le siège de Cuzco. Il semble sur le point de triompher, mais commet l'erreur fatale de s'allier à  un ami espagnol à qui il avait déjà sauvé la vie. Celui-ci le trahit et le tue. Il faudra attendre 1572 pour que Tupac Amaru, le dernier Inca, soit fait prisonnier et que la révolte soit matée.

En 1537, l'Église a reconnu que les Indiens n'étaient pas des animaux.

Sévices dans les mines de Potosi

On a longtemps expliqué la facilité de la Conquête par la croyance des Indiens en la venue d'êtres supérieurs, de dieux blancs. Dès les premiers instants, les envahisseurs furent presque partout reçus comme des dieux, couverts de parures et glorifiés et pourtant les Espagnols ne leur épargnèrent  ni violence ni cruauté. Les populations ne tardèrent pas à se rendre compte que les Blancs qui violaient leurs filles et leurs femmes n'avaient rien de divins, que leurs chevaux étaient vulnérables et que leurs mousquets ne fonctionnaient pas par temps humides. Beaucoup moururent dans les mines de Potosi. Un tiers des Amérindiens furent emportés par des épidémies. La rougeole, la peste, et la variole, maladies inconnues des Indiens et contre lesquelles ils n'étaient pas immunisés, les effrayèrent bien plus que les chevaux, les cuirasses et les armes à feu: problèmes absolument inédits et insolubles. Les aztèques et les incas se sont sentis totalement abandonnés par leurs dieux.

Aucun commentaire: