Albert Jacquard, généticien
Dès avant la naissance, tous les neurones sont présents; leur nombre est tel (quatre-vingt fois plus que chez un primate normal) qu'au terme de neuf mois, le foetus ne peut plus attendre et sort du ventre maternel. À ce stade, il est loin d'avoir achevé de construire son cerveau, mais le volume de son cerveau serait incompatible avec la largeur du bassin maternel s'il avait sa taille définitive. Pour permettre l'expulsion du foetus, il est donc nécessaire que la naissance ait lieu alors que les neurones sont encore à l'état d'ébauche et que le système nerveux ne soit pas encore fonctionnel. Nous naissons tous prématurément. À chaque seconde, le bébé endormi sur le sein de sa mère met en place plusieurs dizaines de millions de synapses. Il lui faudra néanmoins attendre plusieurs mois avant d'atteindre un début d'autonomie. L'absence d'autonomie d'un petit d'homme lorsqu'il vient au monde est par conséquent dramatique. Sa survie n'est pas assurée. Toute la survie globale de l'espèce a été rendue problématique par cette "malfaçon" qu'est l'hypertrophie cérébrale.
Empêcher les jeunes enfants de mourir a été une obsession. L'hécatombe provoquée par la nature a été terrifiante: dans de nombreuses civilisations, la tradition était de ne pas nommer un enfant dès sa naissance; il n'était considéré appartenant à la communauté et ne recevait un nom qu'après avoir atteint un âge où le risque de disparition était moins élevé. De sorte que toutes les civilisations ont magnifié la fertilité.
L'explosion démographique actuelle est le fruit de la plus belle de nos victoires: le recul de la mortalité infantile; grâce aux progrès de la médecine, à l'hygiène de vie, l'invention de la vaccination, les découvertes de Louis Pasteur et la découverte des antibiotiques. Et voilà que la densité humaine est devenue telle que les frictions entre ethnies se sont exacerbées et ont abouti à un atroce génocide.
Un nouveau devoir apparaît: gérer l'effectif de l'humanité. Des enfants jouent. Ils apportent l'espoir donc la révolte....
Une attitude qui implique de ne donner naissance qu'à un nombre limité d'enfants. L'expérience prouve que l'éducation, quel qu'en soit le contenu, entraîne une diminution de la fécondité. Il faut donc aider les nations à généraliser l'accès à l'école, notamment pour les filles. Les pays pauvres ne peuvent que difficilement y parvenir, or, ce sont eux qui alimentent la croissance. La solution paraît évidente, faire supporter par les nations riches la charge du système éducatif par des nations pauvres.
Je lis La légende de demain de Albert Jacquard. C'est extrêmement intéressant!
J'ai eu quatre enfants, ma fille Anne en a eu quatre aussi, cette ère est terminée.
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