Mandala
"L'humain ne peut vivre et se développer que si un autre humain met son empreinte sur lui".
B. Cyrulnik
Les relations établies au cours de la petite enfance avec nos frères et soeurs ont une influence considérable sur notre identité. Ces relations participent à la mise en place de modèles inconscients qui fondent les liens que nous aurons, adultes, avec les autres. Empreinte complexe et contradictoire. Nous poursuivons dans notre vie adulte, à notre insu, un dialogue intense, souvent inconscient, avec tel frère ou telle soeur; ils resteront vivants en nous toute notre vie - au delà même de leur mort.
Notre proximité quotidienne nous incite à projeter sur eux des parts de nous-mêmes que nous ignorons et que nous pouvons progressivement reconnaître comme étant des nôtres. Ils seront nos complices ou nos doubles obscurs, nos amis, nos rivaux, nos ennemis et nous aurons à composer avec eux durant toute notre vie. La présence de nos frères et soeurs nous incite à nous extraire de la symbiose avec la mère, puis avec le père, pour aller vers l'extérieur.
L'arrivée d'un deuxième enfant oblige l'aîné à se rendre compte qu'il n'est pas le seul objet d'amour de sa mère et à prendre progressivement conscience de l'altérité. Un cheminement débute qui passe par des phases d'identification puis de différenciation, par l'envie, la jalousie et la rivalité, l'alliance contre les parents, l'attachement, l'attirance incestuelle, mais aussi l'amour et la solidarité.
Les relations fraternelles sont aussi marquées par les préférences des parents ou leurs rejets ainsi que par les désirs et les peurs qu'ils projettent sur leurs enfants. Les tensions du couple parental, ses failles ont des répercussions sur les relations entre frères et soeurs, jusqu'à engendrer des situations familiales souvent violentes et toxiques pour la construction de la personnalité des enfants. Lorsque les parents sont défaillants, les frères et soeurs peuvent devenir des modèles auxquels nous pourrons nous identifier.
La question du rang de naissance est capitale et se superpose aux relations inconscientes entre frères et soeurs. L'enfant sera accueilli d'une manière particulière en fonction de son rang de naissance, de son sexe, de l'intervalle par rapport à l'enfant précédent et de la disponibilité des parents au moment de la naissance. De plus, son tempérament propre, sa ressemblance physique ou psychique avec tel ou tel autre membre de la famille, sa capacité à répondre ou non à des attentes inconscientes de ses parents auront de l'importance. Aucun enfant n'aura le même vécu avec la mère et le père.
Quoi qu'il en soit, le fait d'être aîné, cadet, benjamin, enfant unique, jumeau laissera des traces indélébiles et chacun aura tendance à chercher la place qu'il a connue dans la fratrie au sein de tout groupe. Les comportements individuels, comme ceux des peuples, enracinés dans le souvenir inconscient des premiers liens fraternels, sont pris dans un engrenage d'éternel retour.
Je lis Frères et soeurs pour la vie, l'empreinte de la fratrie sur nos relations adultes de Lisbeth von Benedek
Ouf!
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