Boris Cyrulnik
Il faut aimer la vie pour aimer Dieu. Les très âgés, après 90-95 ans, quand ils n’ont plus la force de vivre, acceptent la mort et se détachent de Dieu comme si la résignation, la mort psychique avant la mort physique, supprimait l’élan vers Dieu. Il faut avoir la force d’espérer pour prier.
Au cours des dernières décennies de l'existence, les sondages ont évalué un véritable retour à Dieu: 52% des âgés retrouvent leur foi, alors que 8% s'en détachent complètement.
Quand l'usure normale éteint l'immédiate mémoire, elle laisse resurgir la mémoire du passé. Quand les empreintes aux parents, aux amis d'enfance, au gîte et à Dieu ont été heureuses, c'est un Dieu de bonheur qui fait retour. Mais quand le trauma de l'enfance n'a pas pu être remanié par le soutien affectif ou les récits culturels, c'est un Dieu de terreur qui s'impose à nouveau.
Dans l'ensemble, les femmes et les pauvres aiment Dieu plus que les hommes et les riches. Dans l'ensemble, on est plus religieux en vieillissant. L'effet de la croyance en Dieu est bénéfique pour le corps et pour le psychisme. Le malentendu s'installe quand chaque religion propose sa fiction explicative. Au projet de sauver les âmes et conserver la chrétienté s'ajoute l'intention masquée de prendre le pouvoir en se disant persécuté. Pas de culpabilité ni de honte quand on massacre pour défendre le Dieu sacré qui a été insulté.
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