mardi 13 août 2013

Une femme mystique: Marie de l'Incarnation


Marie Guyart, "Mère Marie de l'Incarnation", une mystique missionnaire en Nouvelle-France (1599-1672)

Elle naît à l'aube du "grand siècle des âmes" et elle en sera une représentante des plus emblématiques. À l'âge de sept ans, elle vit en songe Notre-Seigneur venir vers elle alors qu'elle jouait dans la cour de l'école. Il lui demande d'être à lui et elle répond "oui". Le secret de son existence s'est noué là. Ce songe eut l'effet de développer chez elle une "pente au bien" et une forte inclinaison au soucis de l'autre. Elle trouvera son accomplissement en terre canadienne. 

Vers l'âge de quatorze ans, Marie désire entrer à l'abbaye de Beaumont-les-Tours dont sa tante est abbesse. Ses parents refusent; elle finit par accepter d'épouser Claude Martin. Un an plus tard, elle donne naissance à un garçon, Claude. Elle devint veuve peu de temps après. Elle refuse de se remarier et s'installe avec son fils chez sa soeur. Elle gère avec talent l'entreprise de transport de son beau-frère.

En 1620, son existence est transformée par un événement connu d'elle seule. Elle se voit subitement plongée dans du sang, qu'elle identifie être celui du verbe incarné. Au même instant, il lui est donné de voir toutes les fautes commises par elle depuis son enfance et de se reconnaître coupable aussi de la mort du fils de Dieu. Dans ce même mouvement, elle expérimente la miséricorde de Dieu et dans un ravissement, elle est emportée dans l'amour même de Dieu. Cette expérience célèbre connue sous le nom de "vision du sang" la transforme  et la fait entrer dans une voie proprement mystique. Elle fait voeu de chasteté perpétuelle. Les grâces mystiques abondent dont plusieurs visions, entre autres celle où elle voit son coeur enchâssé dans celui de Jésus. Elle entre dans l'état d'épouse du Cantique des Cantiques. Après un discernement spirituel, elle adhère à la communauté des Ursulines. Suite à une troisième extase, elle expérimente une grande aisance à citer les Écritures et à les commenter. 

Elle fait un deuxième songe: "C'est le Canada que je t'ai fait voir. Va, et fais une maison à Jésus et à Marie." Étrange vouloir divin! Désormais, en son "centre" elle rejoint spirituellement par ses pensées et ses prières, jour et nuit, les Hurons du canada. Or, les pères Jésuites réclament des éducatrices pour les petites amérindiennes et les quelques filles françaises. Les Ursulines sont pressenties et Marie de l'Incarnation est choisie. Le 4 mai 1639, après avoir vu son fils pour la dernière fois, elle s'embarque pour la Nouvelle-France. Elle a quarante ans. La tâche est immense. Elle dirigea la construction d'un premier monastère puis sa reconstruction après l'incendie de 1650. Il lui faudra organiser la défense du couvent, qu'elle refuse de quitter au moment où les Iroquois menacent. Elle rédige le premier dictionnaire en algonquin et une correspondance de 13 000 lettres, plus de cent à son fils Claude devenu moine bénédictin. Sa docilité à l'Esprit l'a conduite par des voies insolites pour une mission insolite.  Elle est béatifiée par Jean-Paul II en 1980.

On croit de moins en moins maintenant que Jésus est le fils d'un Dieu; un remarquable initié, oui. Toutes ces visions célestes faisant état d'un Dieu anthropomorphique étaient-elles des illusions hystériques? Notre Ursuline était une femme exceptionnelle, douée, mystique et, cela, ce n'est pas une illusion.

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