samedi 24 mai 2014

Joseph Kessel, le fabuleux nomade



Joseph Kessel 1898-1979

L'engagement militaire en mission, à titre de journaliste, Joseph Kessel effectue un tour du monde à vingt-et-un ans. Il prend part, lors d'un reportage sur la sanglante guerre civile d'Irlande, à certaines actions de rébellion. Il deviendra un grand reporter. Né en Argentine, de parents juifs russes, débarqué à Paris à huit ans à peine, Kessel a le nomadisme inscrit dans son code génétique. De son identité multiple, de ses blessures personnelles, de l'épreuve de l'antisémitisme, le colosse puise sa force dans son humanisme et son insatiable curiosité pour "l'autre". Arpentant le monde, fasciné par l'histoire immédiate, il cherche la matière première de ses 80 romans. Doué pour le drame des vies et le pittoresque des existences, il est élu en 1962 à l'Académie française. La France hisse à la tête de son élite intellectuelle, un émigré, un Juif d'Europe orientale.

Joseph Kessel répond aux questions de Paul Guimard:

La France était, nous le croyions, le pays le plus fort du monde; on s'est aperçu par la suite qu'il n'en était rien mais la France était le pays le plus prestigieux du monde. Je me suis engagé comme volontaire pour constituer une escadrille en Extrême-Orient, c'est à dire en Sibérie. Nous sommes partis sur un transport militaire américain. Nous étions les premiers soldats à arriver d'Europe après la victoire. Une foule énorme nous attendait, des confettis pleuvaient des fenêtres, les fanfares jouaient. Dans chaque grande ville, c'était la même chose. On était pris en charge tout de suite par les gens affolés d'enthousiasme et d'amour pour qui le mot France représentait ce qu'il y avait de plus beau dans l'univers. C'était si puissant que dans les petites villes, des gens se couchaient sur les rails pour arrêter le train, pour nous combler de cigarettes, d'alcool etc... Nous avons vu des hommes, dans l'exaltation d'une boîte de nuit et de l'alcool, nous laisser leur femme parce qu'ils se sentaient honorés de participer à la joie française. Nous étions jeunes, j'avais vingt-cinq ans, et nous étions aptes à profiter de tout ça. À Honolulu, nous fûmes reçus dans un cadre féérique, avec les vahinés, les danses, les bateaux à fond transparent où l'on voyait toute la faune aquatique et la flore. Puis le Japon, puis l'Irlande. Le directeur du journal  La Liberté m'engagea pour faire un reportage sur la guerre en Irlande. Je devins reporter.

Je lis Les Grandes Heures.  Pour Joseph Kessel,  les entretiens furent menés par Paul Guimard


Je n'en reviens pas:  Ça me fait penser à l'hospitalité de l'Ancien Testament, au temps d'Abraham. 


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