lundi 26 mai 2014

Kessel parle de St-Exupéry et Mermoz



Joseph Kessel


Kessel fut un pilote du premier voyage commercial fait en avion. C'étaient les débuts de l'Aéropostale. Kessell répond aux questions de Paul Guimard.

On ne pouvait pas faire d'étape plus longue que deux cents à trois cents kilomètres. C'étaient des avions qui venaient directement des stocks de guerre; j'avais pris place dans un Spad. Une place pour le pilote l'autre pour un seul passager; il était à ciel ouvert, un seul moteur, pas très sûr, et aucun autre moyen de navigation que la boussole. Les conditions de vol étaient telles qu'on en reste effaré aujourd'hui.

St-Exupéry et Mermoz ont été deux de mes meilleurs amis. Ce sont sans doute les noms les plus fameux de l'Aéropostale.  Ils savaient ce qu'ils représentaient aux yeux du public et ils savaient aussi qu'au fond il y avait d'autres pilotes qui les valaient. La chance a fait qu'ils ont vécu plus longtemps que les autres, ils étaient des étoiles: Mermoz, par sa beauté physique, par cet espèce d'acharnement qu'il avait pour le métier du vol, par son amour des grandes choses et St-Exupéry, lui, était déjà fameux pas du tout par son talent d'écrivain, il n'avait encore rien publié quand je suis passé sur la Ligne, il volait, allait faire des reconnaissances autour, dans un avion qu'on lui avait confié, toujours habillé de sa gandoura. Il était à ce moment-là chef de l'aérogare du Cap Juby qui était un pénitencier espagnol en plein Sahara.  Habillé de sa gandoura, il allait se poser dans le désert et il fumait sa pipe, rêveur. St-Exupéry avait inventé pour faire des dépannages ce que jamais les Arabes n'auraient fait: se servir du chameau comme d'un animal de trait; il avait réussi à construire une charrette à deux roues que le chameau traînait à travers le désert. Un jour, il sera un grand écrivain...

Mermoz avait déjà une légende. Comme aviateur militaire, il était resté quatre jours dans le désert syrien. Il avait marché quatre jours et quatre nuits puis captif d'une tribu insoumise du Maroc. Quand je suis passé sur la Ligne, il n'était plus en Afrique. Je ne devais le connaître que plus tard. Quand nous avons appris avec horreur et avec le plus grand des chagrins que Jean Mermoz, le grand Mermoz avait disparu, j'ai aussitôt pensé à écrire sa vie car c'était un projet que nous avions plus d'une fois caressé ensemble.


La route du ciel l'attirait comme un aimant

Je lis Les Grandes Heures, confidences captées pour Radio-France par Paul Guimard. C'est passionnant de voir le destin de tous ces héros qui s'entrecroisaient. Et...qui s'aimaient.

Guy m'a longuement  parlé du livre Les Cavaliers, pour lui, c'est le plus beau des livres. Je pars à la recherche de ce livre. Kessel a écrit quatre-vingts livres! Incroyable! Son livre, La Promesse de l'Aube vient d'être publié en format de luxe avec photos etc... J'ai fait une commande à la Bibliothèque.

Aucun commentaire: